Ce matin, le noir a envahit mon esprit.

Assise parmi eux, je ne me retrouvais pas. Pour la première fois, je me suis sentie étrangère de leurs discussions.

"Arrêtez s'il vous plait, ça me démoralise vraiment ..."

Qu'ont-ils fait ? Ils n'ont pas compris ... Ils ont insisté. C'est comme s'ils avaient appuyés sur ma tête pour que je reste below the water line ...
Je me noie peu à peu dans mon désespoir. Même son arrivée ne m'a pas égayée, au contraire.
Tous ces mots que je lisais, ou du moins que je tentais d'apprendre, ils ne voulaient pas rentrer : ils percutaient un épais mur noir dans mon esprit.

Saturation. Leurs rires, leurs taquineries, je ne les supportais plus. Je ne supportais plus la chaleur de cette pièce, la pression sur mes épaules, sur mon crâne qui menaçait d'exploser.

- "Je sors, je vais faire un tour ..."
- "Oui bonne idée, j'viens avec toi !"
- "Non je ... je vais faire un tour ..."

Rangeant mes affaires à la hâte, je déambule dans des couloirs vides, à la recherche d'un air meilleur. Dehors, m'accoudant au parapet, je contemple sans le voir le décor que je cotoie depuis presque deux ans. Perdue. Que suis-je venue chercher ? Je ne le sais pas exactement ... Peut-être ai-je quitté cette salle dans l'espoir qu'il s'inquiète pour moi, qu'il me rejoigne ... ?
Soudain, j'aperçois celui qui me console quand je vais mal, et j'allais mal, justement. Avec quelques mots, quelques simples mots, il a réussi à appaiser ma souffrance ... Un peu.
Moins déboussolée, je suis retournée parmi eux.
Qu'aurais-je fait, sans ma bouée de sauvetage ? J'étais littéralement en train de péter les plombs et de sombrer ...
Et il n'est pas venu, lui. Il ne viendra sûrement jamais, je dois me faire une raison : pourquoi lui plairais-je ? Je ne dépasserai sûrement jamais le stade de camarade ...


Je me détruis toute seule.